Le congé paternité, une révolution en France ? Depuis le 1er juillet 2021, notre pays a marqué un grand coup en doublant la durée du congé paternité pour les salariés. Il est désormais de... 28 jours ! 28 petits jours, non obligatoires, qui sonnent néanmoins comme un changement majeur, mais qui, en réalité, reste un "congé" bien trop peu considéré encore. Retour sur ce grand sujet qui ne cesse de faire débat auprès des pères...et des mères !
Le congé paternité de 28 jours
Crée en 2002 en France, le congé paternité connait depuis peu des avancées en France, et le sujet est mis de plus en plus sur le devant de la scène. En effet, de nombreux progrès sont encore à faire pour réussir à atteindre une certaine égalité hommes / femmes, tant sur le plan professionnel que sur la répartition de la charge mentale et domestique. Les différentes mesures, proposées au fil des années, comme l'accès au congé parental, n’ont pas eu les effets escomptés sur les comportements d’activité masculins, qui stagnant finalement depuis près de 50 ans*.
"J'ai eu 2 enfants et pris 2 congés parentaux de courtes durées mais cela impactera quand même ma carrière et mon évolution. J ai un collègue qui a eu un bébé il y a peu et qui a pris un congé parental, il s'est pris des réflexions pendant des mois... de la part d'hommes ou de femmes et pourtant je travaille dans une société bienveillante." Floriane G.
La France, et ses 28 jours proposés depuis juillet 2021, se positionne ainsi en 4e place en matière de congé paternité en Europe. Cet allongement du congé paternité se révèle être un bon moyen de réduire les inégalités hommes/femmes qui se creusent principalement lors de l'arrivée d'un enfant - congé parental, mi-temps, gestion de l'organisation - ou même avant - discrimination à l'embauche des femmes en âge d'avoir des enfants. Et le constat est le même si l'on parle du congé parental, ouvert de la même manière à chacun des parents. A peine 1% des pères le prennent à temps plein (contre une ambition de 25% imaginé suite à la réforme de 2015) contre 14% des femmes**. Les moeurs évoluent (trop) doucement mais espérons-le, surement, pour que parentalité ne rime plus qu'avec maternité.
"Quand j'ai annoncé attendre mon deuxième enfant, mes supérieurs, après m'avoir félicité, m'ont proposé de répartir mes 28 jours de congé paternité sur plusieurs mois, pour ne pas freiner l'activité de la société. Un papa en congé, c'est encore trop peu accepté." Thibault, père de 2 enfants, 33 ans.
Un congé, vraiment ?
L'arrivé d'un enfant est certainement l'un des événements les plus marquants dans la vie d'un couple. Bonheur, épanouissement mais aussi fatigue, perte de repère et de liberté. Le congé paternité, ou maternité, porte donc déjà bien mal son nom. Congé. Pour la majorité de la population, les congés servent à se reposer, flâner et sont synonymes de vacances. Combien de mères, en partant en congé maternité, se sont entendues dire "profite bien et repose toi bien ?". Surement beaucoup (trop) !
"[...] quand j'entends que le congé paternité ne sert à rien, ça me glace le sang ! Je pense sincèrement que la personne qui a dit ça n'a jamais passé 24h, seule, avec un nouveau né." Amaia, fondatrice d'Amaë, mère d'un enfant.
Nous ne remettrons pas en cause ici le choix et la joie d'accueillir un enfant dans la famille. Il est indéniable. Mais la réalité est bien là. Les premiers mois de bébé sont rythmés par de nombreux rendez-vous médicaux, des besoins primaires constants de ce petit être 100% dépendant de l'adulte et des nuits plus ou moins hachées. Bref, rien de très reposant.
Récemment, de nouveaux concepts font doucement surface, comme le "mois d'or", initié en 2019 par Céline Chadelat et Marie Mahé-Poulin au sein d'un livre libérateur pour de nombreuses femmes. En plus de lever le tabou sur cette période difficile que peut être le post-partum, elles mettent en lumière le bien-être des mamans mais aussi des bébés, et ainsi de la famille toute entière. Ce mois d'or trouve ses origines dans des civilisations ancestrales, estimant que la mère devrait être protégée et récupérer sans sortir de chez elle, pendant les 40 jours après l'accouchement. Une vraie bulle de douceur, dont la France n'est pas encore la meilleure élève.
Le congé paternité, une précieuse aide à la maman
Que ce soit pour les tâches quotidiennes ou encore auprès de bébé, le congé paternité est essentiel. La répartition de la charge domestique connait encore largement des inégalités dans les foyers, et cette inégalité se fait d'autant plus ressentir avec l'arrivée d'un enfant. Et, faut-il le rappeler, mais le conjoint est une aide à la fois psychologique et logistique.
Préparation des repas, courses ou encore accompagnement à l'allaitement sont autant de choses que le père peut mettre en place pour alléger la maman. Ce dernier point reflète bien la réalité de l'importance de la place du père, dans tous les aspects de la parentalité. Une maman allaitante qui reçoit de l'aide de son conjoint sera moins fatiguée et moins stressée, et aura ainsi une meilleure lactation. De plus, elle pourra, en cas de soucis, prendre le temps de se faire accompagner et de penser à elle. Un relai la nuit pour bercer bébé ou encore installer maman sera une aide précieuse et donnera au papa tout son rôle dans cette magnifique aventure qu'est l'allaitement.
Mais hélas, ce père n'a pas encore assez de temps pour prendre cette place à corps perdu, et ce dernier, enchainant les journées de travail puis les journées de père au foyer, a finalement autant besoin de repos et d'accompagnement que la maman. De soutien, il devient une nouvelle personne à soutenir, pour que l'équilibre familial ne vacille pas et que le couple puisse aussi continuer d'exister. Et ce sont finalement souvent les mamans, belles-mères, qui viennent apporter ce rôle. Une réelle sororité, un sentiment de "déjà vécu" qui résonne depuis longtemps chez les femmes. Parce que le papa reste aussi important que la maman dans ce nouveau schéma, et que 28 jours, sont un minimum pour qu'il puisse endosser son rôle sans restriction.
Le congé paternité, essentiel pour trouver sa place
Le congé paternité est aussi essentiel pour la maman que pour le papa. Et pour cause, il permet au papa, ou au conjoint, de trouver sa place dans ce nouvel ordre familial. Que ce soit par pression sociale, engagements professionnels ou encore moeurs difficiles à faire évoluer, force est de constater que le congé paternité est encore loin d'être pris à 100% et beaucoup de papas hésitent à en profiter pleinement. Cette inégalité est d'autant plus frappante selon les statuts professionnels des pères.
Pourtant, ne dit-on pas qu'un épanouissement professionnel passe avant tout par un épanouissement personnel ? Des papas qui prennent le temps de découvrir leur bébé, de passer du temps avec, de trouver leur nouvelle place dans ce schéma familial boulversé, ne seraient-ils pas plus épanouis au travail ? Un désir d'enfant se fait à deux, et son accueil devrait en être de même.
Le congé paternité progresse, et les pères sont de plus en plus considérés dans l'éducation de leurs enfants. Mais il reste un long chemin à parcourir pour faire évoluer les mentalités, et redonner un peu plus d'égalité au sein de la parentalité, mais aussi dans le domaine du travail, ces 2 aspects étant finalement, intimement liés.
* Femmes et Hommes, l'égalité en question, Insee Références, Edition 2022
** Observatoire français des conjonctures économiques.
Beaucoup trop de vérités dans cet article ! On ne considère pas assez les papas alors que je souhaite m’investir à 100% dans l’éducation de mes enfants ! Vivement que les choses évoluent encore :)